Fin du service de messagerie instantané AIM

Depuis ce vendredi 15 décembre 2017, le service de messagerie instantané  AIM (AOL Instant Messenger) est arrêté définitivement.

AIM est d’abord un logiciel de messagerie instantané lancé par la société AOL (America On Line) en 1997 et intégré au bureau AOL, une sorte de pack d’applications dédié à internet et installé par dessus Microsoft Windows. On lançait ce bureau AOL afin de se connecter à Internet et d’utiliser des services connectés (navigateur, courriel et autres), dont le fameux messager AIM. À l’époque, la connexion à internet se faisait à l’aide d’un modem RTC branché au téléphone, et après que le programme ait composé le numéro de téléphone du service, ce qui était généralement long et pouvait échouer, et qui a valu à AOL ce genre de blagues :

Un messager instantané était un programme permettant d’envoyer des messages texte de manière instantanée à une personne connectée en même temps que vous à Internet, utilisant le même outil et faisant partie de votre liste de contacts. Beaucoup d’entre vous s’en sont déjà servi ou s’en servent encore sans le savoir. Les programmes Skype, Google Talk, Yahoo! Messenger ou MSN Messenger (devenu Windows Live Messenger) ou iChat, en sont des exemples connus. Plus récemment, et sur les téléphones portables, sont apparus des programmes encore plus largement utilisés, comme WhatsApp ou Facebook Messenger.

Même si ça n’est pas un logiciel de messagerie instantané, il s’en rapproche quand même dangereusement : c’est le programme qui permet à votre téléphone d’envoyer des SMS et que tout le monde utilise ! En anglais, on appelle ça du « chat » (en français, moi j’aime bien parler de « tchatche », même s’il est rarement usité).

AIM pour MacQuant à AIM, s’il n’a pas inventé le genre, il a aidé à le démocratiser. Il est basé sur un autre programme encore plus ancien, ICQ (prononcer « I seek you »), qu’AOL a racheté à la société Mirabilis en 1998, et dont elle utilise le protocole OSCAR (Open System for CommunicAtion in Real time). ICQ était assez populaire à l’époque, parce que gratuit et pouvant être utilisé sur différents systèmes (Windows, Mac, Linux). Malheureusement, le système était peu convivial en raison de l’utilisation d’un identifiant à base de chiffres pour se connecter. Votre identifiant pouvait donc être « 99128313 » et vous être attribué d’office. La plupart des programmes d’aujourd’hui utilisent un identifiant de votre choix ou une adresse e-mail, ce qui est quand même plus facile à retenir, et plus sympathique au moment de le communiquer à vos contacts.

Même si, à l’origine, AIM est un logiciel propriétaire, de nombreux programmes, souvent libres et gratuits, étaient compatibles avec cette messagerie. Je pense à Trillian, Gaim (aujourd’hui Pidgin), iChat (messagerie d’Apple, remplacée par iMessages) ou Adium (sur Mac également)…

Maintenant qu’AIM n’existe plus, quelles sont les solutions de remplacement pour les anciens utilisateurs d’AIM ? Elles sont nombreuses, comme je viens de le montrer plus haut. Beaucoup de gens, maintenant, se détournent des solutions de messagerie instantanée disponibles sur les ordinateurs de bureau, et utilisent de plus en plus les logiciels développés pour les smartphones, comme Whatsapp. Il reste qu’un programme ou un protocole de communication vous garde captif, et il n’a jamais été possible de discuter entre personnes utilisant des services différents. Pour discuter avec un utilisateur AIM, il fallait un compte AIM. Certaines tentatives d’interopérabilité ont été tentées. AIM était compatible avec ICQ (normal, car racheté par AOL). La messagerie d’Apple utilise encore aujourd’hui le protocole AOL, entre autres.

De nouveaux logiciels de messagerie apparaissent, apportent de nouvelles fonctionnalités, mais ne communiquent pas entre eux, restent fermés. Un peu comme si vous envoyiez un courriel à partir de votre messagerie Orange mais que votre destinataire ne puisse pas le recevoir, car possédant une messagerie SFR ! Sans commentaire…

1200px-Jabber_logo.svgDevant cet état de fait, peut-être qu’il vaut mieux encourager des solutions ouvertes, comme celles basées sur le protocole XMPP qui est la base du réseau Jabber créé en 1998 (et lui aussi inspiré par ICQ). XMPP a été adopté par plusieurs sociétés comme Apple, Google, AOL, Facebook et même Microsoft pour être intégré à leurs logiciels de messagerie. Malheureusement, après s’être servi de ce protocole de communication pour permettre à leurs services en ligne d’exister et de gagner des parts de marché, elles l’ont ensuite abandonné et sont revenues à des protocoles propriétaires, souvent fermés. Entre temps, XMPP a été amélioré et s’est vu ajouter le support du transfert de fichier, de la visio-conférence et d’autres fonctionnalités. C’est aussi un standard géré par l’IETF qui est une instance de l’Internet qui travaille à standardiser des protocoles de communication qui seront inclus dans tous les programmes communicants que vous utilisez au quotidien, comme votre navigateur web par exemple. Le but est de permettre un maximum d’interopérabilité, c’est-à-dire de faciliter l’utilisation commune d’outils et de langages pour votre vie numérique. Sans les standards, ni le web ni le courrier électronique n’existeraient.

Jabber est une messagerie instantanée libre et ouverte, utilisant le protocole XMPP, et fonctionnant de manière totalement décentralisée, c’est-à-dire ne s’appuyant pas que sur un seul serveur. Cela signifie notamment que vous pouvez même créer votre propre serveur Jabber et que cela ne vous empêchera pas de communiquer avec les utilisateurs Jabber du monde entier, inscrits sur d’autres serveurs.

Afin de comprendre son fonctionnement, je vous conseille de lire les paragraphes « Fonctionnement » et « Adresses Jabber » de la page ci-jointe.

La messagerie instantanée a encore de beaux jours devant elle. C’est toute la société actuelle qui va dans le sens de plus d’immédiateté.

Je publierai prochainement un article expliquant comment créer et utiliser un compte Jabber.