VOD, vous avez dit VOD ?

Depuis mon adolescence, je fais collection de films, d’abord enregistrés à la télé sur cassette VHS, avec une qualité qu’il faut avouer, très discutable, puis achetés ensuite avec l’arrivée du DVD, et enfin en Blu-Ray, qui a significativement relevé le niveau et permis aux amateurs de cinéma de pouvoir profiter chez eux, dans une qualité proche d’une projection de cinéma, de quantité de films et de séries. Et oui, car depuis l’ère de la VHS, où les séries télés n’étaient qu’un passe-temps du dimanche après-midi, à l’heure de Jacques Martin, celles-ci ont depuis vu décupler leur nombre et grandement augmenter leur qualité artistique et narrative. Les séries TV ont désormais pris une place plus qu’importante dans la part de visionnage « home-cinéma », et sont souvent des arguments de vente principaux des offres de VOD qui font l’objet de cet article.


Je suis resté assez éloigné du téléchargement illégal et du fameux « DivX », souvent de médiocre qualité en raison de la compression trop importante de l’image et du son. Avec l’amélioration de la bande passante dans les connexions internet grand public, on a vu fleurir bon nombre d’offres de vidéo à la demande, communément appelée « VOD » (Video On Demand). Cette même bande passante a permis également aux adeptes du téléchargement de films et de séries de trouver une qualité plus acceptable que ce qui existait auparavant, sur le marché ou en dehors.
C’est avec l’arrivée de Netflix en France, et de son succès mondial, qu’une concurrence de qualité a commencé à émerger dans le monde de la VOD, même si une offre française existait déjà.

Mon envie de mettre à l’essai les différentes offres de VOD tient au départ de celle d’être en mesure de voir ou revoir les films qui font partie du patrimoine du cinéma, français ou mondial. Mais j’en avais un peu marre de l’actualité du cinéma, souvent américain, et envie de revoir des vieux films, et je me disais que la VOD pouvait et devait, selon moi, servir à cela. Hélas, la VOD n’est pas un mémorial du cinéma, à quelques exceptions près. J’ai donc essayé plusieurs offres de VOD et je vais en parler plus ou moins dans l’ordre chronologique.

Canal Play

Au moment ou Netflix est arrivé, c’était le service de VOD américain qui débarquait en France et vers lequel tout le monde se tournait. Canal+ possédait déjà son offre de VOD, Canal Play, largement basée sur la production française à laquelle participait Canal +, que ce soit en films ou séries. Ce service fonctionnait pas mal, mais via une application PC ou Mac qu’il fallait télécharger. Une fois l’application installée, on pouvait regarder en Streaming, sur ordinateur ou tablette. L’application Mac ne permettait pas de regarder en streaming, mais il fallait télécharger le film et on pouvait commencer à le visionner une fois qu’une certaine partie du film était en mémoire tampon.
La qualité était cependant bonne et je n’ai jamais rencontré de problème majeur. L’abonnement mensuel donnait également droit à l’accès aux chaines du bouquet Canal+ que l’on pouvait visionner en ligne, via un navigateur.
Canal Play possédait un meilleur catalogue que Netflix au moment où ce dernier est arrivé en France, mais les choses ont changé car la législation n’a pas été en faveur de Canal Play et lui a interdit de bénéficier en exclusivité des programmes que Canal+ produisait, ce qui a conduit à la déroute du service, et enfin à son abandon. Tandis que ses concurrents n’ont pas eu à subir ces restrictions. Ou comment se tirer une balle dans le pied…
Comme il fallait acheter ses programmes, la fermeture du service a fait que je ne pouvais plus visionner mes achats, heureusement peu nombreux. Canal+ propose aujourd’hui un système de VOD, Canal VOD, du type Pay per view (achat ou location à l’unité).

Netflix

Après avoir tout d’abord refusé l’offre invasive de cette société américaine, j’avais décidé enfin de tester le service pendant quelques temps, vu que l’abonnement pouvait être interrompu à tout moment, sans frais.
J’ai donc découvert un service fonctionnant impeccablement, que ce soit sur les tablettes, PC ou Mac, sur un simple navigateur (en l’occurrence Firefox). Je ne crois pas avoir trouvé mieux, techniquement parlant, depuis. On peut cependant regretter plusieurs choses :

  • Le catalogue est opaque : sans inscription au service, il est impossible de consulter le catalogue et d’avoir un aperçu de ce qu’on va pouvoir y trouver, sauf à se renseigner dans la presse sur les sorties éventuelles. Heureusement néanmoins que Netflix propose un mois gratuit sans engagement, ce qui permet de se rendre compte de l’offre et de la tester, sans débourser.
  • Et c’est là que le bât blesse, car à part quelques bonnes séries (Casa Del Papel), le catalogue Netflix est assez indigent. Si l’on excepte quelques blockbusters hollywoodiens bien connus, et notamment une bonne série de Marvel, ainsi que l’intégralité des séries de Star Trek, ce qui pour un fan comme moi n’est pas rien, le catalogue Netflix est quand même surtout composés de niaiseries télévisuelles issues de la production américaine et dont la plupart ne passerait probablement ni au cinéma, ni même sur les pires chaînes du réseau hertzien, en France.
    Donc, quand j’entends de mes connaissances parler du fait qu’ils regardent Netflix, honnêtement, j’ai un peu peur en pensant à ce qu’ils peuvent bien regarder. Mais l’avantage des séries, c’est que ça occupe bien les soirées.
    Malgré cela, Netflix reste l’offre qui domine le marché. Elle est présente, en option, sur toutes les télés connectés récentes, les offres TV par internet (via box), et accessible bien sûr depuis n’importe quel navigateur et même sur les smartphones.

La Cinetek

Répondant à mon souhait de voir proposée en ligne une partie importante du patrimoine cinématographique français, mais pas seulement, je découvris, au moment de son démarrage, l’offre Lacinetek.com, un service de VOD fait par les cinéastes. L’idée : chaque mois, pour un abonnement très modique (3 euros par mois), profitez d’un choix de dix films choisis par un réalisateur. En plus de ces dix films, vous disposez d’un choix restreint d’autres films acquis par La Cinetek et que vous pouvez loué pour un visionnage, pour 3 euros également.
Si l’offre est alléchante, c’est de toute celle que j’ai testées, le choix « culturel » par excellence. Elle met en avant un choix de films d’auteurs, ou plus commerciaux, et ne suit pas à l’actualité de l’industrie.
Côté technique, c’est là que ça se gâte. Bien en dessous de ce que peuvent proposer des services plus costaux comme Netflix, l’expérience de visionnage est décevante. A moins de disposer du matériel dernier cri, on subit beaucoup de désagréments lors du visionnage : baisse de la qualité avec compression et pâtés visibles à l’écran, alors que ma connexion internet est très rapide, déconnexions et interruptions du film, avec nécessité de relancer et d’avancer jusqu’au moment de la coupure, et ceci même avec l’application pour PC et Mac proposée en téléchargement et censée améliorer l’expérience de visionnage.
Autant dire que cela coupe l’effet que peut procurer la joie de voir un bon film dans une ambiance « comme au cinéma ». Cela m’a conduit à moins utiliser ce service. Vraiment dommage. De tous les services, celui-ci est sans doute le meilleur marché, si vous avez la chance d’avoir un matériel avec lequel il fonctionne. Mais difficile de recycler un matériel plus ancien comme nécessaire de projection.

OCS

OCS est un service de l’opérateur Orange (Orange Cinéma Séries). Il regroupe cinq chaînes dédiées au cinéma et aux séries et disponibles sur le satellite, le câble, le web et via les box.
L’accès à l’abonnement (moins de 10 euros par mois) donne accès à ces chaînes ainsi que leur contenu en replay, pendant une durée assez longue.
L’intérêt de cette offre est sans conteste l’exclusivité de toutes les séries produites par la chaîne américaine HBO en H24. Les séries HBO sont sans doute ce qui se fait de mieux en matière de séries américaines. On peut citer : Six Feet Under, Game of Thrones, True Detective, Watchmen, etc. Des dizaines d’heures de programme de qualité à regarder. En outre, OCS propose une programmation mensuelle de films, avec une bonne sélection française, ainsi que des documentaires autour du cinéma, des films pour la jeunesse, des films d’horreur ou fantastiques. On y trouve relativement peu de bouses, même s’il y a des choses bonnes et moins bonnes.
Techniquement parlant, le service fonctionne globalement bien, même si nettement au dessous d’autres ténors américains (Netflix, Amazon Prime). Il faut quand même opter obligatoirement pour le navigateur Google Chrome si on veut pouvoir visualiser les programmes d’OCS sur PC et Mac, le service ne fonctionnant pas sur Firefox ou Safari. Pour les tablettes et smartphones, OCS fournit une appli. Il y a un certain aller du côté du développement, car techniquement cela fonctionnait sur tous les navigateurs au début, mais plus maintenant. C’est assez regrettable.
Néanmoins, si l’on est adepte de séries vraiment originales et de films horrifiques ou fantastiques, OCS est fait pour vous.

True Detective saison 3, un must du genre polar bien tordu, sur HBO et OCS.

Amazon Prime Video

A la suite de Netflix et de Disney, Amazon a lancé son propre service de vidéo. Que dire ? Le service marche sans problème quelque soit le logiciel/matériel, rien à redire de ce côté, si ce n’est qu’il est impossible d’obtenir une vidéo en haute définition si Amazon a décidé que votre appareil n’était pas suffisant.
Côté catalogue, on est quand même majoritairement sur de la production américaine. On va retrouver pas mal de séries, dont des pas mal anciennes (X-Files, Lost, Heroes, Dr. House…) et quelques trucs qu’on ne trouve pas facilement ailleurs (Battlestar Galactica, M. Robot…). Question nouveautés, quelques exclusivités Amazon, comme le dernier « Star Trek Picard », The Expanse… Quelques remakes de films ou de séries existantes (La Servante Ecarlate) ou d’adaptations de bouquins dont on se demande bien comment ils peuvent faire une série complète avec (The Man in the High Castle). Côté films, on tombe quand même pas mal dans les blockbusters hollywoodiens, dont certains assez anciens (Die Hard, Independence Day, Godzilla, Alien…). La plupart des programmes sont disponibles en VO, mais pas tous, comme aussi le fait que certains programmes ne soient mêmes pas disponibles en HD, mais Amazon a fait des progrès sur la qualité du catalogue. Côté films français, malheureusement pas un énorme choix, et il s’agit de films ayant plus marqué le box-office que la mémoire du cinéma (Les Rivières Pourpres, Le Pacte des Loups). La meilleure qualité de cette offre reste quand même le prix de son abonnement mensuel, soit moins de 6 euros. Ça ne va pas vous ruiner. A conseiller pour voir certains films ou séries que vous ne trouvez pas ailleurs, mais pour le reste un catalogue assez banal et peu de créativité. A noter également que certains programmes sont proposés en pay per view, hors abonnement, ce qui est quand même assez étrange.

Pour l’avenir, je serai tenté de tester le nouveau service Salto, issu de l’association de plusieurs chaînes de télévision hertziennes comme notamment TF1, M6 et France Télévisions.