Comme souvent l’été, nous louons une voiture, en l’occurrence cette fois, pour nous rendre en Dordogne depuis Narbonne. Depuis plusieurs années, j’ai une préférence, en tant que conducteur, pour les modèles hybrides, les 100% électriques étant trop contraignants si l’on considère le manque de prises de rechargement disponibles en France. Sur le site de location, nous était présenté un modèle Polo de Volkswagen. Une fois à l’agence, on nous annonce une voiture de fabrication chinoise, MG, modèle MG3 Hybrid+. Bon. Pas emballé au départ d’avoir une voiture chinoise, mais sans trop d’aprioris. D’apparence, ce modèle est plutôt stylé, assez classique cependant.
Pas de mode d’emploi fourni, interface en anglais, mais je me débrouille. Ce qui me déroute au départ : pas de manette pour le contrôle de la vitesse, mais une roue à 3 crans (positions) : R (Rear = arrière), N (Neutre) et D (Départ, soit marche avant). Une manette à tirer pour se mettre en position « Parking ». Je n’ai pas tout compris aux autres fonctionnalités.
Un bouton « Start » pour démarrer et placer le véhicule en mode arrêt. Nous démarrons donc, et entamons une journée de route assez longue avec un itinéraire passant essentiellement par des petites routes sinueuses. J’ai donc pu pleinement tester la conduite de ce nouveau modèle de véhicule chinois. La conduite est relativement douce (sauf dans les cotes, voir plus loin). Tout de suite, j’identifie une fonction qui va me gonfler pas mal de fois par la suite : la correction automatique de la trajectoire.
Sur le papier, c’est très bien : un mécanisme de détection des bords de la chaussée ou des bandes réfléchissantes, permettant de savoir si le véhicule, soit se rapproche trop du bord de la route, soit franchit la ligne pointillée. Dans les faits, un rappel sans cesse dès que l’on ne roule pas à 100% droit ou qu’on ne tient systématiquement le volant de manière ferme, en mode «10h10». Difficile sur un long trajet. Quelques messages d’insultes en anglais plus tard, on finit par s’habituer. Finalement, j’ai vu qu’il était possible de désactiver le contrôle de la conduite et les alertes visuelles et sonores. Idem pour les alertes dès qu’on dépasse la vitesse autorisée, même si ça peut être utile, par ailleurs.
Le volant est plutôt agréable avec son aspect simili-cuir cousu. Bon, c’est du plastique, hein. En revanche, les commandes (boutons et manettes) au volant ne sont pas intuitives du tout, tout simplement parce qu’elles ne sont pas dédiées, et qu’elles sont programmables. Pas du tout une bonne idée pour une voiture de location, car quand on arrive sur un véhicule qu’on ne connait pas, on doit pouvoir identifier les commandes très rapidement et très simplement : pas du tout le cas sur ce véhicule. Par exemple, on peut, via la manette directionnelle sur le côté droit du volant, régler le volume sonore et changer les stations de la radio. Mais bon, c’est juste des flèches directionnelles…
Le véhicule possède deux écrans sur le tableau de bord, plus des contrôles sous forme de gros boutons en plastique, au dessous et de part et d’autres du volant. Le premier écran, ci-contre, est situé derrière le volant.
Ce premier écran affiche pas mal de détails et des informations pas évidentes à identifier au premier abord. Sur la partie gauche, un dessin permet de positionner le véhicule sur la chaussée et affiche des alertes lorsqu’on est trop près des bords de la chaussée ou des lignes de séparation des voies, ou bien encore si un véhicule est trop proche de nous par le devant ou par l’arrière (distance de sécurité).
An centre, sont affichés de haut en bas : l’heure (en anglais), la limite de vitesse (parfois erronée), la vitesse actuelle en km/h, l’état du plein de carburant et le nombre de km estimés pouvant être franchis avant le prochain plein.
Sur la droite, on trouve des informations statistiques par forcément utiles, du genre : le nombre de kilomètres parcourus depuis le dernier démarrage. Ces statistiques semblent se réinitialiser à chaque nouveau démarrage, donc ce n’est pas forcément utile pour un véhicule de location.
Tout à fait en bas à droite sont affichés la consommation électrique en kW et un sigle permettant de savoir si on roule en électrique ou bien en thermique : EV = Electrique et HEV = thermique. Pas forcément facile à repérer. On peut regretter l’affichage que l’on trouve sur le tableau de bord des véhicules hybrides japonais ou chez certains fabriquants français qui permet de visualiser rapidement le niveau de charge de la batterie et de savoir d’un coup d’œil plus évident si l’on est en électrique ou en thermique, avec un petit symbole en forme de moteur à explosion.
Cet écran n’est pas tactile. C’est juste un affichage.
Sur le centre du tableau de bord se trouve l’écran de contrôle de l’ordinateur de bord (ci-dessous). Il regroupe de manière plutôt intelligente (mais toujours en anglais) l’ensemble des fonctions et réglages de la partie électronique du véhicule : navigation (GPS), auto-radio (radio ou audio via bluetooth/USB), la climatisation, et le mode de connexion aux logiciels embarqués Apple CarPlay et Android Auto.
Sur la gauche, on trouve une série de boutons permettant d’accéder à chacune de ces sections en détail : accueil (cet écran), navigation GPS, musique et radio, téléphonie et réglages du véhicule. Le tout est tactile.
Navigation : je n’ai pas trop testé le logiciel de navigation interne du véhicule car je suis plus habitué de celui d’Apple, ayant un iPhone. J’ai pu cependant tester la saisie des adresses et la recherche d’itinéraires, mais cela m’a paru assez lent.
Musique et Radio : la recherche des stations de radio se fait via les boutons sur l’écran tactile (très dangereux si l’on conduit), ou via la manette directionnelle sur le côté droit du volant (voir plus haut). Une fois qu’on a trouvé comment ça marche, c’est plutôt simple. Les fréquences radio restent réglées une fois trouvées et on ne les perd pas en roulant. Le nom de la station est aussi indiqué en haut à gauche de l’écran tactile.
Si l’on passe en mode bluetooth ou USB pour la diffusion audio, on utilise les mêmes contrôles pour changer de titre.
Téléphonie : lors de la connexion en mode bluetooth ou USB, il est possible d’apairer son téléphone pour téléphoner et afficher les noms des contacts (ce que je ne fais pas sur un véhicule de location pour des raisons de confidentialité). Pour le reste, je préfère éviter de téléphoner en conduisant, donc je n’utilise pas cette fonction.
Apple CarPlay : ayant un iPhone, je préfère utiliser Apple CarPlay pour la navigation GPS et pour écouter de la musique, car j’ai accès à ma bibliothèque audio via les applications Musique et Podcast. En outre, je peux aussi utiliser l’application Qobuz pour écouter en streaming. Ça marche aussi avec d’autres applications de streaming type Deezer ou Spotify. Il y a d’autres applications disponibles, comme WhatApp, et des réglages pour ne pas être dérangé par les messages quand on conduit (mode concentration). N’ayant pas de téléphone Android, je n’ai donc pas pu tester le système Auto Android mentionné plus haut, et compatible avec ce véhicule. Il est à noter que le système Apple CarPlay s’adapte tout à fait à la taille de l’écran de cet ordinateur de bord.
Climatisation : quand nous avons pris la route, c’était une des journées les plus chaudes aussi bien à notre point de départ qu’à notre point d’arrivée (pratiquement 40°C). La climatisation s’avérait donc indispensable. Celle-ci est assez performante, et comme souvent, un peu trop à mon goût. L’écran de contrôle, et notamment l’affichage résumé, permettent de contrôler simplement la climatisation, de l’activer (bouton « A/C »), de passer en mode automatique ou en mode manuel, et de choisir l’air recyclé ou pas. Le mode « Auto » est tout simplement trop puissant, car il refroidit à fond le véhicule très vite et la température devient vraiment trop glaciale, en tout cas pour moi. J’optai donc pour le mode manuel. Là, il est possible en tapotant la zone « Climatisation », d’entrer dans l’écran détaillé et de régler la puissance de la ventilation. Mais honnêtement, un bouton plastique sur le tableau de bord serait tout autant, voire plus, efficace, et sans doute moins dangereux en terme de manipulation. L’utilisation conjointe de la climatisation et du système Apple CarPlay s’est avérée assez compliquée. En effet, CarPlay fonctionne comme un système dans le système, remplaçant à l’écran toutes les fonctions du tableau de bord. Quand on utilise CarPlay, nous n’avons plus accès aux autres fonctions de l’ordinateur de bord, donc impossible d’accéder au système de climatisation.
Heureusement, il apparait une application « MG » parmi les autres applications de CarPlay, qui permet de quitter momentanément CarPlay et de repasser sur le logiciel du véhicule, de sorte qu’il est à nouveau possible d’accéder aux réglages de la climatisation comme aux autres fonctions du logiciel de l’ordinateur de bord. Mais donc, passer de l’un à l’autre devient très compliqué et notamment lors de la conduite. Cela oblige à se concentrer sur le fonctionnement de l’ordinateur de bord et plus sur la conduite. Je redis donc qu’une série de manettes physiques serait plus efficace, dans ce cas, pour accéder à certaines fonctions du véhicule. Il est vrai, toutefois, que MG a mis à disposition une série de boutons assez grossiers permettant d’activer certains réglages, mais pas forcément de manière fine.
Retour à la conduite, justement. Et je parlerai, pour conclure cet article, de mon expérience en tant que conducteur avec ce véhicule. Comme je l’ai dit, le contrôle de toutes les fonctions du véhicule n’est pas évident vu qu’elles ne sont souvent accessibles que via l’écran tactile (en totalité en tout cas) du tableau de bord. Cette voiture est bourrée d’électronique, et cela se sent un peu trop. Il manque l’accès manuel à certaines fonctions de manière évidente et simple pour tous les conducteurs, et notamment ceux ne maitrisant pas l’anglais. Mariant l’usage d’une interface graphique et d’une série de contrôles manuels trop rudimentaires, la MG3 Hybrid+ est, pour moi, trop compliquée à utiliser pour le quidam, ce qui peut nuire à conduite notamment.
Parlons de la conduite à proprement parler. Le véhicule se démarre aisément à l’aide d’un bouton « Start » bien placé et bien visible à la droite du volant. Malheureusement, son fonctionnement n’est pas aussi évident, car une première pression sur le bouton Start allume l’ordinateur de bord, mais il faut à nouveau appuyer sur le même bouton pour que le véhicule soit à nouveau prêt à démarrer (un voyant affiche « READY » sur l’écran de contrôle). Si vous essayez de tourner la roue crantée faisant office de levier de vitesse en la mettant en position « D » comme « Départ », cela ne va pas marcher. Pourquoi ? Avec un véhicule censé être intelligent, on aurait espéré qu’il nous évite une étape supplémentaire. Par ailleurs, je ne suis pas fan de cette roue crantée que je trouve peu commode si on la compare au levier traditionnel des véhicules à boite de vitesse automatique. Idem pour l’arrêt : lorsque vous êtes arrêté, et même en mode « Parking », la logique voudrait que lorsqu’on sort du véhicule et qu’on utilise la clé pour le verrouiler de l’extérieur, que cette action éteigne le véhicule comme si nous avions retiré la clé du démarreur. Mais non, le véhicule va émettre un avertissement sonore bruyant (klaxon) pour nous signaler que nous avons oublié de couper le contact. Complètement idiot et inutile. Il faut donc à nouveau pénétrer dans le véhicule, appuyez sur Start pour arrêter définitivement le véhicule, ressortir et tout verrouiller. De toute évidence, il manque aux chinois un peu d’expérience pour arriver à pondre un véhicule qui soit vraiment intelligent.
Sur la route, et si je fais abstraction des options de sécurité activées par défaut et tendant à obliger le conducteur à maîtriser son véhicule à 100% de manière assez stricte, et dont on peut considérer qu’elles sont utiles ou pas, j’ai trouvé la conduite plutôt agréable. Le passage du véhicule du mode électrique au mode thermique n’est pas toujours évident à comprendre, car des fois, le véhicule passe en mode thermique directement au lieu de démarrer en mode électrique d’abord. Il faut croire que la batterie se vide assez vite. La gestion des rapports de vitesse n’est pas non plus tout à fait optimale, par rapport à ce qui se fait sur des véhicules hybrides d’autres marques que j’ai pu pratiquer. Par exemple, en attaquant une côte, le MG3 repasse en thermique, ce qui est normal, car il a besoin d’un régime moteur plus élevé. Mais je trouve que celui utilise un régime moteur trop élevé, avec une accelération très forte sur une vitesse réduite, ceci ayant comme résultat une trop faible vitesse pour attaquer la côte, un régime moteur puissant donc un bruit moteur important et la consommation de carburant excessive qui vont avec. En bref, la voiture pousse le moteur à fond tout en restant en première ou en seconde alors qu’on pourrait changer de vitesse pour accélérer davantage et limiter la consommation de carburant. Le véhicule gère assez bien, en revanche, le frein moteur, et notamment en mode électrique pour recharger la batterie dans les descentes.
Pour finir, un véhicule agréable, confortable, mais avec pas mal de défauts que ce soit au niveau de la conduite que de la gestion électronique du véhicule. Il me semble que les asiatiques ont encore des progrès à faire pour arriver à produire des véhicules qui soient aussi performants que ceux de marques européennes équivalentes, même si sans doute plus chères.