Alpha Taxis : une coopérative taxi fait de la concurrence à G7 et à Uber.

Si le statuquo de la situation des artisans taxis, notamment à Paris, a fait émerger sur le marché du transport individuel des personnes des services de VTC (Voiture de Transport avec Chauffeur) et notamment le fameux Uber, et si ces services ont fait évoluer la qualité des services fournis, il n’a pas permis à une population de se rémunérer correctement avec ce métier, ni de bénéficier de conditions de travail correctes et d’une sécurité sociale ou professionnelle.

Dans le même temps, le revenu des chauffeurs de taxis, artisans (indépendants) ou clients d’une centrale (G7) n’a pas cessé de baisser depuis des années, et leurs horaires de travail d’augmenter. La SCOP (Société Coopérative et Participative) « Gescop », mieux connue sous la dénomination Alpha Taxis, créée il y a 40 ans déjà, par l’association de trois autres scops, et située près de Paris à l’Haÿ-les-Roses, a organisé les taxis indépendants qui ont souhaité la rejoindre en sociétaires, et lancé un service de réservation téléphonique et en ligne afin de concurrencer à la fois les centrales privées de réservation de taxi, comme G7, mais aussi les plateformes de VTC comme Uber, mais aussi Heetch, que Gescop réussit à faire condamner en 2017 pour exercice illégal de la profession de taxi et pratique commerciale trompeuse.

Copie écran du site web de réservation Alpha Taxis
Page d’accueil du site de réservation web Alpha Taxis

Quels avantages pour les professionnels ? S’il est vrai que l’organisation en association des artisans taxis des professionnels leur garantit une certaine indépendance et représentativité, voire protection, elle ne fournit pas de moyens modernes au public pour accéder aux services de ses adhérents, ce qui peut-être une difficulté pour les taxis pour trouver des clients. Alpha Taxis propose un système de réservation en ligne, par téléphone mais aussi sous forme d’applications Android et iOS, choses qu’apportent des plateformes privées comme G7 ou Uber, et qui sont très demandées par la clientèle d’aujourd’hui. En outre, le statut de sociétaire des travailleurs leur garantit d’autres avantages et notamment de ne pas devoir acheter une plaque (licence), dont le coût est à la fois très élevé et sujet à variations. Les associés achètent une part sociale de l’entreprise qui leur garantit l’usufruit d’une licence taxi pour la durée de leur vie professionnelle ou jusqu’à ce qu’ils quittent la SCOP et revendent leur part sociale (ou la récupèrent à la fin de leur exercice). Enfin, l’adhésion à la SCOP et le statut de salarié des taxis leur garantit une bonne rémunération et des garanties sociales supérieures.

Quels avantages pour les clients ? Si les taxis sont organisés depuis longtemps sous forme d’association d’artisans, cela n’a pas été une garantie pour le client d’une meilleure qualité de service. Certes, les tarifs sont réglementés par la FNAT et les taxis se voient accorder un statut. Le passage par une centrale de réservation pousse à l’adoption de règles bénéfiques pour tous, comme par exemple l’acceptation de modes de paiement variés, et la carte bancaire en premier lieu, qui n’était souvent pas acceptée par les taxis indépendants, ce qui a favorisé l’arrivée sur le marché de plateformes concurrentes beaucoup plus flexibles, mais générant aussi une cohorte travailleurs mal payés et ne bénéficiant d’aucune protection sociale. La centrale de réservation permet aux clients d’obtenir un taxi dans un délai très raisonnable avec les mêmes conditions que les plateformes les plus modernes. Une qualité de service minimale est assurée. En outre, il n’est pas question de notation des taxis ou des clients comme chez Uber, par exemple, et le paiement se fait directement au près du taxi.

Pour conclure, il est bon de voir que les taxis indépendants peuvent s’organiser pour fournir aux clients la même qualité de service qu’avec les plateformes de la nouvelle économie, tout en fournissant à ces professionnels un niveau de bonheur et de rémunération supérieurs. C’est aussi réjouissant de voir que l’on peut résister à des machines internationales comme Uber, et aussi s’associer pour dénoncer les pratiques frauduleuses comme dans l’affaire Heetch.

Voir aussi https://www.lemonde.fr/scop/article/2017/05/27/comment-une-cooperative-de-taxis-parisiens-fait-face-a-uber-g7-ou-heetch_5134639_4920928.html